Londres, décembre 1999. Le ciel était d’un gris presque métallique, par exemple s’il contenait un reliquat de plomb fondu suspendu au-dessus des toits. Dans les rues humides de Camden, les passants accéléraient le pas, insensibles à l’étrange conscience que des attributs, quelque part, glissait en silence hors de son axe. Au cœur de cette grande ville en inusable mouvement, un espèce humaine traçait des données dans un carnet élimé, apathique à l’agitation urbaine. Il s’appelait Ezra, numérologue de l’ombre, maître discret d’un concours de voyance discret que seuls quatre ou cinq initiés consultaient à voix basse, sans mise en circulation, sans enseigne. Les nombres s’organisaient dans son esprit tels que des groupe mouvantes. Ils n’étaient pas des idéogrammes figés, mais des forces vivantes, vibrantes, qui se réarrangeaient par rapport à des rythmes invisibles. Depuis quelque temps, Ezra constatait des glissements divergentes. Un nom calculé en empruntant une autre voie, une journée recomposée, et au plus vite une route égoïste semblait ne plus ce fait merveilleux d'obtenir le même tracé. Un client signalait un renversement de activité professionnelle imprévu, une rassemblement qui n’aurait pas dû se réaliser, un déménagement accéléré sans excuse pensée. Chaque acclimatation dans ses calculs semblait réécrire une parcelle du physique. Ce n’était pas des coïncidences. C’était une hardi, une réaction du entourage à son regard. Les prophéties qu’il formulait à brûle-pourpoint devenaient des clés, des éléments, des caractéristiques d’altération. Il s'aperçut miette à brin qu’il ne lisait plus les nombres : il les sculptait. Ce bienfait, également intéressant que terrifiant, ne se prêtait pas à l’exposition. C’est sujet Ezra avait extraordinairement refusé la médiatisation, les circuits marchands, les prestations de cabinets automatisées. Sa souple était celle d’une voyance sans cb, sans agence marchand, sans tarif affiché. Il apportait ses calculs en calme, collé à un investissement, une charité croyant, un geste de honnêteté. Ce lien personnelle lui avait jusqu’alors brevets de toujours entretenir l’équilibre. Mais les chiffres, eux, commençaient à bouger instantanément.
Le carnet d’Ezra reposait sur une table vide, ses pages dès maintenant vierges. Les chiffres qui l’avaient à la renaissance traversé s’étaient dissipés, par exemple s’ils n’avaient jamais duré. Il n’y avait plus de empreintes d’équations, plus de matrices codées, plus de calculs prophétiques. La grande ville, elle de plus, s’était figée dans une étrange netteté. Tout semblait cohérent. Trop simple. Les portraits dans la rue affichaient des sourires rigides, les mouvements s’enchaînaient avec une précision irréelle. Comme si la réalité, en se réajustant, avait gommé toute aspérité. Ezra marchait légèrement par ces décors devenus à l'infini lisses, conscient qu’il ne pouvait plus faire changer un objet. L’univers avait refermé la faille. Mais il avait laissé une empreinte. Il sentait que certains niveaux du entourage ne lui répondaient plus. Des bâtiments refusaient de refléter sa lignes. Des journaux ne portaient plus les saisons qu’il connaissait. Il n’était plus à l’intérieur de la pensée qu’il avait bouleversée. Le prix de son béguin, même exercé dans un concurrence de voyance discret, était devenu clair : enregistrer, pénétrer, agir, c’était aussi risquer d’être effacé. Même en refusant toute forme de monétisation, en gardant l’esprit d’une voyance sans cb, l’impact de ses guidances avait transgressé une lisière. Il avait accepté ses prévisions sans supplier, mais le univers avait répondu. Et sa réponse était radicale. Ezra ne disparaîtrait pas dans un rutilance, ni dans un citation. Il se fondrait mollement dans les marges du réel, dans ces zones floues où les chiffres ne collent plus. Son nom, son service voyance discret dépêche, son passé s’effaceraient mollement des carnets, des mémoires, des livres. Le univers reprendrait sa souffrance sans lui. Seul resterait le vertige d’un nombre sans raison, d’un avenir sans indice. Et le vacarme, pour finir, deviendrait autoritaire.
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